Les Barret, de Martinique en métropole, sur les traces d’un acte de décès…

Hermance Marie Bernard de la Turmelière Pécaudière, vous vous souvenez, j’avais évoqué son ascendance paternelle lors d’un billet, (https://permareperterrasblog.wordpress.com/2021/01/27/hermance-marie-bernard-de-la-pecaudiere-tes-ancetres-ne-sont-pas-a-lhonneur/), et nous savions que sa mère Louise Hermance DUVEAU mariée et décédée à Nantes était native de La Trinité, île Martinique. Elle était fille du Sieur Jean François DUVEAU (sosa 126).

Mes recherches portent donc sur ce dernier. Jean François DUVEAU n’a pas de racines en Martinique. Sa famille originaire de la Mayenne, s’établit par la suite à Saint Malo, qui le voit naître en 1796. Ni marins, ni militaires dans sa famille. Est-ce la cité corsaire, qui lui donne envie d’ailleurs et le goût de voyage ? En 1815 Il occupe un premier poste de chirurgien 3ème classe  à l’hôpital maritime de Fort Royal (Fort-de-France) puis en 1817 à l’hôpital royal de La Trinité.

Jean François DUVEAU épouse, à La Trinité en 1819, Anne Henriette Sophie COMES (ou COMMES) qui après lui avoir donné cinq enfants, décède en 1858 à Nantes. Veuf, il épouse en secondes noces Rose Marie Julie BARRET, le 19 mars 1860 à La Trinité. Je m’écarte alors de son époux, pour me focaliser sur cette seconde épouse qui m’emmène dans le temps, dans l’espace et peut-être même dans l’imaginaire. Je me perds en chemin ; tout s’imbrique et se mêle comme jamais, et lors de ma rédaction, tout me paraît essentiel. J’espère que mon billet restera clair et lisible !

Le grand-père de Rose Marie Julie, Jean-Joseph BARRET est né à Marseille en 1750. Il demeure en Martinique au moins depuis son mariage en 1774 avec Rose CHEVALIER.

L’acte de mariage DUVEAU/BARRET me donne sa date de naissance et ses père et mère : Rose Marie Julie BARRET issue du mariage de Jean Pierre Joseph BARRET et Marie Julie IMBERT est née le 5 janvier 1809 à La Trinité. Elle est veuve du Sieur Louis Marie JUGAN, marin, décédé à Pointe-à-Pitre, Guadeloupe le 24 juillet 1845. Les documents d’état civil nous disent que de cette union sont nées trois filles :

  • Louise Julie Lodoïska JUGAN – née le 23 septembre 1832 à La Trinité

La naissance de l’enfant est déclarée par sa mère Rose Marie Julie BARRET, elle signe l’acte. Le père de l’enfant, marin, est absent de la colonie.

ANOM – Acte de naissance – La Trinité – 1839
  • Rose Joséphine Rosa JUGAN – née le 17 février 1835 à La Trinité

Le déclarant de cette naissance est Jean-François DUVEAU. Le père marin est absent de la colonie.

ANOM – Acte de naissance – Martinique – La Trinité – 1835
  • Marie Françoise Berthe – née le 1er mais 1846 à la Trinité

L’acte de naissance de l’enfant est rédigé par Jean François DUVEAU, Premier conseiller municipal de la commune de La-Trinité. Le père marin est absent de la colonie. L’acte de naissance est daté de 1846, le père est décédé le 24 juillet 1845, date de la rédaction de son acte de décès sur les registres de la Guadeloupe. La Martinique et la Guadeloupe sont distantes de 189 km, à quelle vitesse parviennent les nouvelles entre ces deux îles, à cette époque et en bateau ? Quoi qu’il en soit, Louis Marie JUGAN ne peut donc pas être le père de l’enfant, conçu, si je sais bien compter, probablement en septembre 1845. Je table sur un enfant né à terme.

ANOM – Acte de naissance – La Trinité – 1846

Jean François DUVEAU rédige les actes d’état civil de la commune de La Trinité du 2 mars 1846 au 6 mai 1846, jusqu’à l’acte n° 57 acte de naissance de Marie Françoise Berthe JUGAN.  Si Louis Marie JUGAN n’est pas le père de l’enfant, qui est le géniteur ? La question reste posée, j’ai bien une petite idée mais supposition n’est pas certitude, décidément les trois actes de naissance des filles JUGAN me laissent perplexe !

Je fais quelques recherches sur la première épouse de Jean François DUVEAU à cette époque. En 1843 et 1844, Anne Henriette Sophie COMMES, son épouse est domiciliée rue Gresset à Nantes. Elle est présente au mariage de ses deux filles à Nantes en 1843 et 1844. On peut penser qu’elle reste à Nantes jusqu’en 1858 date de son décès. Elle a 26 ans lorsque nait sa dernière fille Cleisse Paule DUVEAU qui décède d’ailleurs en 1834. Jusqu’à cette date, on peut considérer qu’elle vit à la Martinique avec son époux.

Ce que disent les actes et ce qu’ils ne disent pas….

Revenons à Rose Marie Julie BARRET, quand et où pourrait-elle être décédée ? FILAE me propose un acte de décès daté du 18 novembre 1877 – Paris 7ème Arrondissement.

La défunte est dénommée Rose Marie Julie BARRET, âgée de soixante huit ans, née à la Trinité, mariée à Alphonse François CAZES. Un des deux témoins est Henri BASQUIN son beau-frère. Son mariage avec Jean-François DUVEAU est passé sous silence et si l’âge mentionné est exact elle serait née en 1809. L’année de naissance semble correcte mais qui est François Alphonse CAZES ? Pour quelle raison son mariage avec Jean-François DUVEAU est-il occulté ?

Cherchons alors le mariage Rose Marie Julie BARRET et Alphonse François CAZES. Les NMD de La Trinité m’indiquent un mariage le 21 août 1833 entre François CAZES et Marie Rose BARRET. François est amputé d’Alphonse et Marie Rose de Julie ! Voilà qui ne simplifie rien ! Marie Rose à 22 ans, elle est donc née en 1811, ce qui ne me convient pas ; nous savons, acte à l’appui, que notre Rose Marie Julie a vu le jour en 1809 ! Le rédacteur de l’acte me jouerait-il des tours d’autant que l’époux de Rose Marie Julie BARRET, le sieur JUGAN est décédé en 1845, elle ne peut donc pas convoler en 1833 !

Je cherche donc un acte de naissance dans les registres d’état civil de La Trinité en 1811, et je trouve : Marie Rose BARRET fille de Jean Pierre Joseph BARRET et de Marie Julie IMBERT née le 16 mai 1811 à La Trinité.

ANOM – Acte de Naissance – La Trinité 1811

Nous avons donc deux sœurs :

  • Rose Marie Julie née en 1809 épouse JUGAN, épouse DUVEAU.
  • Marie Rose née en 1811 épouse CAZES, décédée à Paris 7ème en 1877

Cerise sur le gâteau, une preuve supplémentaire apportée par le mariage leurs enfants : Joseph Gaston Juliette Koenisbert CAZES et Rose Joséphine Rosa JUGAN le 16 novembre 1870 à Fort-de-France. Il s’agit du second mariage de l’épouse.

Dans cet acte de mariage, il est dit :

Gaston : fils légitime de françois Alphonse Cazes, propriétaire, domicilié à St Pierre ici présent et consentant au présent mariage, et de la dame Rose Barret, domiciliée en ce moment à Paris, et qui suite de l’investissement de cette ville n’a pu donner son autorisation.

Rose Joséphine Rosa : fille légitime du sieur Louis Jugan, décédé à la pointe à pitre (Guadeloupe) le vingt quatre juillet mil huit cent quarante cinq, ainsi que le constate son acte de décès dressé en l’état civil de la dite commune le vingt cinq du même mois et de la même année et de la dame Rose Marie Julie Barret, propriétaire aujourd’hui épouse du sieur Jean François Duveau.

lors du premier mariage de Rosa Joséphine JUGAN avec René Marie GUERIN de VILLEAUBREIL, le 29 août 1855 à La-Trinité, Jean François DUVEAU est témoin, il n’est pas encore veuf de sa première épouse. Rappelez-vous, c’est lui qui déclare la naissance de l’enfant.

Plus de doute possible, nous pouvons confirmer l’existence de deux sœurs Rose Marie Julie BARRET et Marie Rose BARRET dont les prénoms font l’objet de confusion, lorsqu’ils ne sont pas tronqués par les rédacteurs d’actes d’état civils.

Mais tout cela ne me donne pas la date et le lieu de décès de Rose Marie Julie. Je sais qu’elle est vivante lors du mariage d’une de ses petites-filles Anne Marie Françoise Ange GUERIN de VILLEAUBREIL avec Auguste Hyppolyte POTHUAU à Fort-de-France le 22 février 1873. Le mariage se célèbre au domicile de Rose Marie Julie BARRET, la future épouse étant dans l’impossibilité de se rendre en a la maison commune. La raison est inconnue, elle n’est pas enceinte, son fils naîtra en février 1874.

La presse également me donne de ses nouvelles en 1875. « Suivant contrat passé par Maître Jean-Baptiste-Félix MARTINEAU et son collègue notaires à Saint-Pierre le 14/04/1875, enregistré le 23 un emprunt au Crédit Foncier Colonial de 100.000 Francs et hypothèque à la sûreté de cet emprunt une habitation sucrière, dite ‘Case-Navire », située en partie sur la commune de Case-Pilote et partie en la commune de Fort-de-France, au lieu-dit la Case-Navire, ainsi que ses dépendance de Nigauville« .

GALLICA – Le Moniteur de la Martinique : Journal officiel de la colonie – 1875-07-30

Malgré mes recherches, aucune trace du décès de Rose Marie Julie BARRET ni à Fort-de-France, ni à La-Trinité, ni à Saint-Pierre, ni à Nantes, ni à Paris.

Certainement proche de sa famille, je recherche de potentiels frères et Sœurs. L’acte de décès de sa sœur Marie Rose à Paris, indique comme déclarant Henri BASQUIN, beau-frère, allons sur les traces de son épouse qui s’avère être Marie Julie BARRET dite « Délie » en famille.

Cette dernière voit le jour le 20 juin 1816 à La Trinité. Trouver son acte de naissance me permet de rectifier la date décès de son père, notifiée en 1814 sur la plupart des arbres généalogique en ligne, alors qu’il quitte la vie en juillet 1816.

Marie Julie s’unie à Eugène Henry BASQUIN le 24 juin 1840 à Saint-Pierre. Délie décède le 10 juillet 1882 à Paris, 10° arrondissement. Nous avons donc une troisième sœur BARRET.

Différents documents mentionnent également un frère Jean Pierre Joseph BARRET né le 23 septembre 1806 à La Trinité. Mariée à Adélaïde Elise POULLET le 19 avril 1830 à La Trinité. Après la naissance de son fils Louis Pierre Joseph BARRET le 8 juin 1832 à la Trinité, son épouse décède le 12 juin 1832, probablement de fièvres puerpérales. Il perd son fils un an tard le 15 juin 1833 à La Trinité. Jean Pierre Joseph est veuf, je n’exclus pas un remariage et le cherche désespérément ainsi que son décès. Mes investigations demeurent vaines et je passe à autre chose ; répertorier les petits-enfants de Rose Marie Julie BARRET, toujours dans l’intention de mettre la main sur son acte de décès.

La naissance de sa petite-fille Anne Marie Françoise Rose Ange GUERIN de VILLEAUBREIL attire mon attention. Les deux témoins sont Jean-François DUVEAU, et Jean Pierre Rosambert BARRET âgé de quarante six demeurant au bourg de La Trinité. Voilà une piste pour le frères, suivons là !

Il s’avère que Jean Pierre Joseph BARRET est surnommé Rosambert. Il se remarie le 29 septembre 1871 à La Trinité, soit 39 ans après le décès de sa première épouse Adélaïde Elise POULLET. Sa seconde femme se nomme CécilIe PASCAL fille naturelle de Noémie PASCAL, âgée de quarante deux ans lors de son mariage, elle serait donc née en 1829. Mes recherches ne m’apportent pas plus d’éléments. Lors de leur union, trois enfants sont légitimés.

1 – Augustin Maximin né en 1853 à La Trinité. Il épouse Marie RENAUD à Nancy le 6 décembre 1890 et décédera à Nancy le 18 octobre 1896. Lors de son mariage il est représentant de commerce. Deux enfants l’un né en 1883, l’autre né en 1888 sont légitimés à cette occasion.

2 – Gabrielle Rose Claire née en 1855 à La Trinité, épouse François Claude SONGEUR le 20 décembre 1871 à La Trinité. François SONGUEUR est né en 1840, à Maidières qui deviendra une banlieue de Pont-à Mousson.

3 – Joseph Aristide né en 1861 à La Trinité épouse Marie Thérèse Aimée LALANNE à Castries, île de Sainte-Lucie, (sous contrôle des anglais depuis 1814) le 24 avril 1882. Il décède le 22 mai 1894 à Saint Pierre. Son épouse sera une victime de l’éruption de la montagne Pelé en 1902.

La deuxième épouse de Jean Pierre Joseph BARRET, Cécilie PASCAL quitte son île et décède le 29 septembre 1882 à Pont-à-Mousson. Mais pourquoi Pont-à-Mousson ?

Son fils aîné Augustin Maximin s’était établi dans cette région, peut-être sur la recommandation de François Claude SONGEUR, on peut le supposer sans pouvoir l’affirmer. Sa fille, Gabrielle Rose BARRET épouse SONGEUR, mettra au monde ses trois dernières enfants à Maidières entre 1880 et 1889. Je perds la trace de Gabrielle Rose ; je ne sais ni où ni quand elle est décédée. Son époux quant à lui commissaire de police de 3ème classe à la Martinique comme il est dit dans son acte de décès est décédé à Bastia, le 25 juillet 1890. Eplucher les TD des décès pour Nancy et Pont-à-Mousson n’ont rien donné, pas plus que les registres de Martinique.

Et voilà qu’après avoir étudié la famille BARRET sur plusieurs générations, je n’ai toujours pas l’acte de décès de Rose Marie Julie BARRET !

Je persiste dans mon idée que les petits enfants me conduiront à leur grand-mère. Les TD des différentes communes de la Martinique ne m’ont donné aucune information, cherchons ailleurs. Où sont ses filles et ses petits-enfants : Rose Marie Julie BARRET a donc trois filles de son premier mariage :

La première : Louise Julie Lodoïska BARRET épouse Alexandre Auguste HOLOZET en 1849 à La Trinité.

Leurs enfants naissent en Martinique et à partir de 1882 la famille s’établit à Papeete. Rose Marie Julie BARRET est absente des registres de Papeete numérisés jusqu’en 1906.

La seconde, Rose Joséphine Rosa JUGAN décède à Fort-de-France en 1890, sur son acte de décès sa mère est déclarée décédée. Sa fille Anne Marie Françoise GUERIN de VILLEAUBREIL épouse Auguste Hippolyte POTHUAU en 1873 à Fort de France. Le couple reste en Martinique où nait leur fils en 1874.

Aucun enfant n’est issu de son second mariage avec Joseph Koenisbert Gaston Juliette CAZES.

La troisième, Marie, Françoise Berthe JUGAN épouse à Fort-de-France en 1882 Charles Alexandre LACOUTURE.

Pour avoir étudié les différents courriers de son dossier Légion d’honneur, j’ai constaté que ce Charles Alexandre LACOUTURE se rendait régulièrement à Bordeaux, probablement accompagné de sa famille. La naissance de son dernier fils dans cette ville semble me confirmer cette hypothèse.

Toujours persuadée que Rose Marie Julie BARRET est proche de sa famille, je décide, en désespoir de cause, de compulser les tables décennales de Bordeaux pour les périodes 1873/1882 et 1883/1892. Je sais que Rose Marie Julie BARRET décède entre 1875 et 1890. Si la première,période ne donne rien, la seconde est un succès ; Rose Marie Julie BARRET, comme ses sœurs est décédée loin de son île, à Bordeaux, au 9 Place de Touny, le 6 janvier 1887. C’était ma dernière chance et l’abandon en cas d’insuccès !

Archives Bordeaux Métropole – Bordeaux 3E 299 – Actes de décès – Section 2 – 1887 –

La famille BARRET est au complet. Pour chacun d’eux, le frère et ses trois sœurs j’ai en main les actes d’état civil relatifs à leur naissance, leurs mariages, et leur décès. Seul le frère décède en Martinique tandis que ses trois sœurs regagnent et décèdent en métropole.

En partant de Jean-François DUVEAU, mon sosa 126, j’ai reconstitué la famille BARRET en consultant de nombreux registres passant par la Martinique, la Guadeloupe, Tahiti, Paris, Nantes, Pont-à-Mousson, Nancy, Paris et pour finir Bordeaux. Quelques actes d’état civil m’ont posé questions quant au géniteur de certains enfants et la réponse restera fatalement inconnue. Il est fort possible que certains actes notariés dont je ne dispose pas auraient pu m’éclairer. Ce cheminement, ce voyage prouve aussi que les collatéraux ne sont jamais à négliger. Il sont tout aussi passionnants que nos sosas et bien souvent nous y conduisent.

Ne croyez pas que Jean François DUVEAU soit oublié. Si je l’ai perdu en chemin, il y a encore beaucoup à en dire, un prochain billet lui sera dédié.


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