Des rives du Bosphore aux rives de la Seine, Marie Angeline Stacorovich – Chapitre 2

Le premier chapitre de ce billet (ICI) était consacré à Marie Angeline STACOROVICH et sa famille, le deuxième volet aura pour sujet ses liens avec quelques diplomates ottomans en poste à Paris.

Mehmet DJEMIL PACHA parfois nommé DJEMIL PACHA ou Mehemmed-Djébil-Bey ?Témoin au mariage d’Arthur Olympio Georges AGUADO et Elisabeth Hélène Henriette JACOB – Octobre 1868 – Paris 8ème – 37 ans en 1868 (soit né en 1831).

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Djemil Pacha – GALLICA – Le monde illustré – 7/02/1863

Sa biographie (Gallica) (4) le dit né en 1827 à Constantinople, d’autres sources le disent né en 1828.

Etudes à Londres et à Paris.

Circa 1855, il est ambassadeur à Paris et Turin. En 1856, Il prend part aux délibérations du Congrès de Paris en qualité de second Plénipotentiaire. A cette occasion, il est représenté sur un tableau d’Edouard Dubuffe. https://www.histoire-image.org/fr/etudes/fin-guerre-crimee

En 1857, il est plénipotentiaire à la Conférence de Paris pour la rectification des frontières russo-turques et pour les affaires du Danube.

En 1858, il est membre du grand Conseil du Tanzimat. Ministre des Affaires étrangère ad interim, il prend part aux négociations du Traité de commerce entre la Turquie, l’Autiche et la Hollande.

En 1862, il est en mission extraordinaire à Odessa auprès de l’Empereur de Russie.

Ambassadeur pour la deuxième fois à Paris puis à Madrid. Il devient Vizir, Muchir puis Pacha.

En 1865, il rentre à Constantinople, membre du grand Conseil de Justice, puis membre du grand Conseil des Trésors.

En 1866, il est à l’Ambassade de Paris.

En 1869, il participe aux conférences sur le conflit turco-grec.

Il décède le 30/09/1872 dans l’exercice de ses fonctions en revenant d’Odessa où il était allé saluer le tsar.

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Gallica – Le Figaro – 27 septembre 1872

« Ce diplomate, joint à beaucoup de distinction et à une profonde expérience des affaires, une grande bienveillance et une remarquable affinité de caractère ». Source : Galerie historique et critique du 19ème siècle par Henry Lauzac – 6ème volume – Paris 1870 – 1872.

SAVAS PACHA ou SAWAS PACHA Jean

Mentionné dans la presse. Invité au mariage Lucie Marie AGUADO et Charles Henri TENRE en 1894.

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GALLICA – Revue universelle : Recueil documentaire universel et illustré publié sous la direction de Mr Georges Moreau – 1905 – Librairie Larousse Entrer une légende

Savas Pacha décède, célibataire, à Paris 16° le 24/05/1905.

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Archives nunérisées Paris – Décès 1905 – 16 D  85

 

MISSAK EFFENDI

Témoin au mariage de Lucie Marie Emilie AGUADO et Charles Henry TENRE (1894) et au décès de Marie Angeline STACOROVITCH.

Né à Constantinople le 28/11/1848.

Grand officier de la Légion d’honneur, il est né à Constantinople le 28/11/1848 de parents Arméniens. Etabli à Paris en 1909, il demande la naturalisation française qu’il obtient le 15/02/1927.

Il épouse le 14/09/1893 à Ris-Orangis Marie Thérèse HOLLANDER (1). Son témoin sera Arthur Olympio Georges AGUADO. De leur union est née une fille Marie Beatrix Nectar Victorine née à Versailles le 15/08/1894 (2) et décédée à Paris le 21 mai 1899 (3).

Il est au service de la diplomatie ottomane pendant quarante-quatre ans (1865-1909) en France et au Pays-Bas.

Il décède à Paris le 13 avril 1932, Il est dénommé Hosvepe MISSAK sur son acte de décès.

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Archives numérisées Paris 8° – Décès 1932 – 8E 208

SALIK MUNIR BEY ou SALIH MUNIR BEY ou MUNIR BEY

Mentionné dans la presse en 1901 au moment du décès de Marie Angeline STACOROVICH.

Ambassadeur de 1860 à 1908. Il semble être encore à Paris en 1912. Il publie en 1918 à Lausanne « La politique orientale de la Russie », puis je perds sa trace.

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Source : Gallica – Le Monde illustré – Paris – Imprimerie P. Mouillot, 13 quai Voltaire – Tome LXXVIII – janvier – février – mars – avril – mai – juin 1896

Sur le site de GALLICA, La Revue de Paris, sixième année – 3ème tome – Mai juin 1899 – Paris – novembre 1897 – octobre 1893. Munir Bey ambassadeur ottoman à Paris fut désigné et agréé pour négocier entre le sultan et les Arméniens à la suite d’exactions subies par le peuple arménien de 1894 à 1896.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k174499/f884.item.r=salik%20munir%20bey.zoom

ABRAHAM CAMONDO

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HM Courts & Tribunals Service

Dans ce testament sont indiqués les deux exécuteurs testamentaires de Marie Olympe Angeline STACOROWICH soit Abraham de CAMONDO et FREITT. Il est précisé que tous deux sont décédés au moment du décès de Marie Olympe.

Le deuxième exécuteur testamentaire serait, d’après mes recherches vraiment peu fructueuses, Nestor FREITT. Il aurait été avocat à la Cour d’appel en Angleterre et conseil de l’Ambassade d’Angleterre à Paris. (Sce : Gallica – Mercure de France – 31ème année – 1er septembre 1920).

Le premier exécuteur testamentaire ABRAHAM Behor de CAMONDO, (nommé la plupart du temps Abraham de Camondo) appartient à une famille juive sépharade de grande renommée. La famille CAMONDO, d’origine hispano-portuguaise, expulsée d’Espagne lors de l’Inquisition en 1492, s’établit d’abord à Venise puis s’installe à Constantinople où Isaac Camondo et son frère Abraham-Salomon Camondo fondent la banque Isaac Camondo et Cie. Ils deviennent les banquiers des vizirs ottomans. Philanthropes et admirateurs des Lumières, ils œuvrent à faire entrer les juifs de l’Empire dans la modernité par une éducation laïque. Intermédiaires influents entre l’Empire ottoman et l’Occident, ils deviennent les porte-paroles des communautés juives de l’Empire. En 1868, la famille s’installe à Paris et développe ses affaires financières. La banque participe à de nombreux projets et affaires tant en France que dans le monde, tout en gardant des liens étroits avec la Turquie. Banquiers de l’impératrice Eugénie, Abraham-Behor et son frère Nissim participent au financement du canal de Suez En 1870, la famille s’installe temporairement à Londres. De retour, en 1871, Abraham behor Camondo fait construire un hôtel particulier au 61, rue de Monceau. Ses collections de peintures, de mobilier et d’objets d’art d’Extrême-Orient témoignent du goût de ce dernier. La famille a pour volonté de s’intégrer à la haute société parisienne et en 1882, Abraham de Camondo est décoré de la Légion d’honneur.

Banquier Il est né le 1/07/1829, En 1847, il épouse Régina Baruch dont il aura deux enfants Clarisse et Isaac.  Il décède en son domicile du 61, avenue Monceau Paris 8ème le 13/12/1889.

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Etat civil numérisé Paris 8ème – 1889 – Décès – V4E 6146

Pour quelle raison Abraham de CAMONDO est-il l’un des exécuteurs testamentaires de Marie Olympe Angeline STACOROVICH ? Une relation de son époux, banquier ? Une relation parisienne ? Une relation venue de Constantinople ? Aucune réponse à formuler à ces questions.

Je n’ai pas développé l’histoire de la famille CAMONDO pas plus que celle D’Abraham. De nombreuses pages sur le net leur sont consacrées, dont celle-ci :

https://cultures-j.com/les-camondo-une-dynastie-de-istanbul-a-auschwitz-14/

Ce billet aurait pu s’intituler le tour de la question ! J’ai viré, tourné et tournoyé tel un derviche tourneur… Une chorégraphie de vies menant à Constantinople la ville au sept collines…. Mais de réponses j’en ai si peu ! Les liens de parenté de Mme STACOROVICH avec son père Boghos Bey et son neveu Edouard Bey, ne seront probablement jamais établis. Pas plus que je ne peux confirmer de liens familiaux entre Edouard Bey et Charles JACOB. Il y a fort à parier que dame sérendipité ne me sera jamais d’aucun secours, mais l’exercice était tentant et particulièrement intéressant.

L’existence de relations entre le monde de la diplomatie ottomane et la famille Aguado au sens large fut une découverte d’autant que ces liens ne semblent pas ténus mais affirmés puisqu’ils se retrouvent à l’occasion de mariages, de décès et qu’ils perdurent sur deux générations.

En faisant ce travail, je n’ai pas non plus oublié les affres subis par Hugh Mac Donell consul à Alger sous domination ottomane et d’une réflexion à l’autre, l’arbre d’ascendance de Lucie Marie Emilie, son arrière-petite-fille s’est imposé ; quel est le sang qui coule dans ses veines ? Orient et occident se mêlent et s’entremêlent…

ascendance LME AGUADO
Ascendance Lucie Marie Emile AGUADO

 

 

N’en sachant pas non plus suffisamment sur la famille de Mme STACOROVICH, il n’est pas possible non plus confirmer une ascendance arménienne mais mon intuition et quelques éléments me disent que cette possibilité n’est pas à écarter, elle reste cependant invérifiable en l’état actuel de mes recherches et les recherches en Turquie me paraissent insumontables !

https://www.medyaturk.info/international/2018/02/21/les-turcs-a-la-recherche-de-leurs-ancetres/

Aller sur les traces de toutes ces personnes et pour certaines d’origine arménienne m’a confronté au Génocide des Arméniens. Sujet que je connaissais pour ainsi dire très peu. Aller à la rencontre de ce peuple ne s’est pas fait sans émotion au fur et à mesure de mes lectures, histoire, récits et témoignages.

Ainsi la généalogie m’emmène et jamais ce voyage ne me lasse…. J’avais envie de vous faire partager celui-ci, j’espère qu’il n’est ni trop long ni trop bavard.

 

SOURCES :

(1) Archives numérisées Ris-Orangis – (1892 – 1896) – 4E 3430

(2) Archives numérisées Versailles – Naissances – 1894 – 2MIEC334

(3) Archives numérisées Paris 8° – 1899 – Décès – V4E 8755

(4) Galerie historique et critique du 19ème siècle par Henry Lauzac – 6ème volume – Paris 1870 – 1872.

 

 

 

 

 


16 réflexions sur “Des rives du Bosphore aux rives de la Seine, Marie Angeline Stacorovich – Chapitre 2

  1. Oh non, pas trop long tellement c’est riche ! Merci pour ce voyage et ces rencontres. Il est fort possible qu’au fil d’autres recherches vous puissiez étoffer ce thème. On ne sait jamais ! Merci encore.

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  2. J’adore pour ma part ce genre de digressions ! On se demande toujours si elles sont légitimes mais peu importe ! Il est toujours si agréable de découvrir des destins aussi particuliers, riches et insolites ! Donc non pas trop long du tout ! Et bravo pour ces documents dénichés sur Gallica et autres, ce n’est pas toujours évident de les trouver !
    Françoise

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  3. Des personnages prestigieux qui nous font voyager ! Merci pour cet article ! Marie Olympe Angéline STACOROVICH a dû laisser d’autres traces en France ou même en Angleterre qui pourraient apporter plus de précisions sur ses origines. Patience et persévérance…

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  4. Des témoins, invités aux cérémonies et aux réceptions, entrent les uns après les autres dans la salle de bal. On les admire leur prestance, ils sont parés de leurs beaux costumes, tout en gardant leurs secrets, ils dansent et bavardent dans ces deux épisodes. Grâce à le belle plume de Nat, ils nous font rêver aux fastes de l’Empire ottoman.

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  5. Merci pour cette article ! Ayant moi même un patronyme arménien et une arrière grand-mère née en Turquie, puis partie avec sa famille (dans quelle conditions?) durant le génocide), je sais à quel point les recherches sont complexes de ce côté là, et la difficulté qu’elles amènent me semble également insurmontable..

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