Un premier chapitre et quelques réflexions

Voilà, mon blog a tout juste six mois, la moitié d’une année. Pendant ces six mois, perchée dans la canopée de mon arbre,  je vous ai raconté l’histoire de Hugh Mac Donell, la non-histoire de sa première épouse, les péripéties de sa seconde épouse, sans oublier quelques bribes de vie des quatre premières filles Mac Donell. Ainsi le décor est planté, il ne vous a pas échappé que cette généalogie est descendante, à la cime de mon arbre Hugh Mac Donell, écossais d’origine, citoyen britannique.

Il me semble aujourd’hui nécessaire de faire, non pas un bilan mais simplement de mettre en forme quelques réflexions générées par les recherches et l’écriture de ces billets. Il est évident que la pratique d’un blog induit un autre regard et crée un véritable terreau de réflexions.

De nombreuses questions se posent, s’accumulent tranquillement, tels des fruits qui mûrissent. Des constats, des hypothèses, des suppositions, des supputations, des élucubrations germent dans mon cerveau d’apprentie généalogiste, partageons-les. Tout cela concourt à enrichir et éclairer une généalogie. Il ne s’agit pas simplement de mettre des noms et des dates dans une case, mais cela va bien au-delà. Petite histoire dans la grande histoire, us et coutumes d’une époque, d’une société ou bien d’un lieu. Décrypter les mystères, faire parler les documents, faits ou non-faits. Aller voir au-delà, chercher la part cachée, révéler, n’est-ce pas là le travail le plus intéressant ?

Que vais-je trouver au-delà de l’écriture ? Quels sentiments ai-je aujourd’hui quant à cette famille, moi qui ne suis ni généalogiste, ni historienne, ni sociologue ? Tous ces personnages témoins et acteurs d’une époque, qu’ont-ils à me dire ? Puis-je les ranger dans des petites cases, sont-ils représentatifs d’une époque ou restent-ils tout à fait particuliers par leur vie et leurs choix ?

Une certitude : l’empire britannique à cette époque est puissant et possède de nombreuses colonies ; terres d’espoir et d’avenir. Il faut un grand courage pour quitter sa terre et ses racines pour un ailleurs inconnu. L’avenir n’est plus chez soi, mais dans ces terres lointaines. Il faut avoir faim, non seulement de pain, mais de vie, d’espoir et d’avenir. Le voyage lui-même est aventure et peut rapidement devenir sans lendemain.

Ainsi, nous l’avons vu, Hugh Mac Donell quitte son Ecosse natale pour s’établir en Amérique. Un épisode douloureux qui se soldera par un autre départ vers le Canada. Il n’y fera pas fortune. Une femme, 4 filles. Au service de la couronne britannique, ses pas le mèneront à Malte, Gibraltar, Alger en passant par une carrière militaire et pour finir diplomate. Et ces métiers –militaire et diplomate- se retrouveront à plusieurs reprises dans cette généalogie.

Ses quatre filles, Anne-Catherine, Angelica, Maria, Harriett épouseront pour trois d’entre elles des militaires et pour l’une, un diplomate.

  • Angelica à l’âge de 14 ans épousera à Alger puis à Bideford Richard Buck, Officier de marine, âgé lui de 29 ans, une différence de 15 ans. Elle se marie la première.

  • Harriett, dont je ne sais rien ou si peu, épousera à Alger, entre 1816 et 1821 Andreas Holsten, Capitaine dans la Marine danoise puis consul auprès de la Régence d’Alger. Ce dernier a entre 31 et 36 ans lors de son union. On peut supposer que son épouse est bien plus jeune que lui, mais aucun élément ne me permet d’être plus précise. Elle se marie la seconde.
  • Anne-Catherine née aux environs de 1806 a probablement une vingtaine d’années lorsqu’elle épouse à Malte Robert Henry Wynyard, militaire tout comme son père. Né en 1802, il est alors âgé de 24 ans. Aucune différence d’âge notable. Elle se marie la troisième.
  • Maria, née en 1810 épouse en juillet 1827 à Florence Georges BROWN, militaire de carrière, ce dernier a 37 ans lors de son mariage, soit 20 années de différence avec son épouse. Elle se marie la dernière avec un homme dont la carrière est déjà bien assise.

Peut-on considérer que l’ordre des mariages suit l’ordre de naissance de chacune des filles ? Cela semble être le cas pour Angelica, Anne-Catherine et Maria. Si l’on suit ce raisonnement, on peut dire qu’Harriett est alors la seconde fille de Hugh Mac Donell et de sa première épouse, née entre 1801 et 1805 au Canada ou à Gibraltar. Une déduction qu’aucun élément ne vient étayer.

Entre 1813 et 1814, Hugh Mac Donell devient veuf avec 4 filles à charge, consul dans un pays difficile. A cette époque, seul le mariage assure à la femme une position sociale et c’est en outre un des fondements de la famille et de la société. Généralement, les unions sont conclues entre individus de condition et de fortune équivalentes. Marie-toi dans ta rue ! Chacun des quatre époux est issu d’une famille notable, appartenant à la haute société britannique ou danoise.

Cependant, nous savons que Hugh Mac Donell n’a pas de fortune conséquente. Il quitte le Canada n’ayant pas suffisamment de ressources pour faire vivre sa famille. Qu’a-t-il pour lui, son nom, son prestige, sa carrière, ses relations ? Aucun point fixe à l’époque, il va au gré de ses affectations. Aucun coin de terre particulier comme port d’attache, pas à ma connaissance et la majeur partie de sa famille est restée au Canada.

Excepté Angelica, ses filles se marient après 1815, date de son remariage avec Ida Ulrich danoise, fille d’amiral et de diplomate. Veut-il éviter à sa seconde épouse la charge de ses filles ? Est-ce Ida qui prend en charge l’éducation et l’accomplissement de ces dernières ? Femme elle-même et consciente que la gente féminine à cette époque est bien peu de chose sans un mari, est-ce elle qui est aux commandes ? Tout faire pour échapper à la condition de célibataire ?

Et leur dot me direz-vous ? Certainement peu conséquente. Aucun contrat de mariage pour infirmer ou confirmer cette hypothèse. Mais si tel est le cas, elles n’ont guère le choix du prétendant.

Leur père, en poste à Gibraltar, Malte ou Alger ; une vie sociale ou mondaine qui se résume certainement à des réceptions entre gens de même société, militaires gradés ou en passe de le devenir, et diplomates.

N’oublions pas que l’éducation et la formation de l’épouse étaient également un facteur non négligeable dans l’évolution de carrière du conjoint, particulièrement de ceux dont les fonctions exigeaient de multiples contacts sociaux. Il en est ainsi pour Robert Henry Wynyard, Lieutenant-Gouverneur de la province de New Ulster et Superintendant de la province d’Auckland en Nouvelle Zélande. Il reste quelques traces du rôle d’Anne-Catherine dans la presse néo-zélandaise. Ce couple se fixe là-bas et y laisse une nombreuse descendance.

Angelica s’établit en Angleterre et laisse également une descendance importante.

Maria, dont je retrouve quelques traces en Angleterre mais très peu, n’a pas d’enfant et certains témoignages s’accordent à dire que George Brown n’a pas une grosse fortune.

Quant à Harriett, dont je sais très peu de choses, son destin se brise tragiquement. Son enfant a-t-il survécu, a-t-il été élevé par sa famille paternelle danoise, je ne le sais pas encore.

Ces quatre filles ont-elles fait un mariage d’amour ? De raison ou de convenance ? Quelle a été leur part dans le choix de leur époux ? J’aimerais pouvoir répondre à ces questions, mais je crains fort n’en savoir jamais plus et le mystère demeurera. L’intimité des quatre sœurs restera leur jardin secret, d’ailleurs auraient-elles aimé que j’en sache plus ?

Je m’étonne encore de n’avoir jamais trouvé nulle part un arbre généalogique muni de ces 4 feuilles, comme si le lien entre les quatre sœurs avait été un jour rompu. Car finalement les années 1800, le 19ème siècle ne sont pas si loin. Aucune légende familiale n’est parvenue jusqu’à mes oreilles et les quelques descendants de Hugh Mac Donell intéressés par leur histoire semblent faire le même constat que moi. Aucun arbre ne porte les 4 sœurs.

Est-ce parce que notamment deux d’entre elles ont épousé des hommes d’une notoriété certaine, tels Robert Henry Wynyard et Georges BROWN ? Trois ont épousé des citoyens britanniques, une a épousé un danois et je retrouverai par deux fois le Danemark, à travers Ida Ulrich dont je descends et Andreas Holsten, l’époux d’Harriet.

Ce premier chapitre se referme, mais rien n’est ni clos ni définitif. J’espère bien au cours du temps glaner çà et là quelques informations supplémentaires qui m’en apprendront encore et encore. Nous sommes plusieurs descendants, aux 4 coins du monde à chercher et les informations circulent. (A ce propos, nous utilisons Evernote !)

Ses quatre premières filles lui donneront 17 petits-enfants voire 18. Mais je doute qu’Hugh Mac Donell ait eu l’occasion de les rencontrer tous. Etabli et décédé à Florence, je ne sais quels ont été ses liens par la suite avec ses 4 premières filles et leur famille, ses liens avec l’Ecosse, « paradis perdu » peut-être et le sol britannique. Il reste, pour la majeure partie de ses descendants, une conscience aiguë de racines écossaises, mais n’oublions pas toutes ces femmes, filles, sœurs, épouses, mères qui pour moi ont la même importance. Souvent dans l’ombre, elles méritent la lumière.

Il me reste à écrire un deuxième chapitre pour les autres enfants de Hugh Mac Donell et d’Ida Ulrich. Je crois pouvoir affirmer sans me tromper que les surprises seront riches, nombreuses et éparpillées autour du monde.

Dans ce nouveau voyage, je vous espère, vous mes lecteurs, compagnons de route. Nous cheminerons ensemble ! Merci à vous !

 


4 réflexions sur “Un premier chapitre et quelques réflexions

  1. Un premier chapitre passionnant à suivre et qui donne envie de lire la suite. Tes récits sont captivants et donnent même envie de chercher. Mais en voyant l’étendue des sources que tu cites, on doute de pouvoir vraiment t’aider ou trouver quelque chose que tu n’as pas encore exploré. Peut-être nous diras-tu aussi comment ces « descendants aux 4 coins du monde » se sont rencontrés. C’est un aspect de l’histoire que je trouve très intéressant.

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    1. Merci pour cette fidélité sans faille ! Les sources sont elles aussi aux 4 coins du web et quant à la rencontre des descendants, je pense que j’en ferai un jour un billet car c’est en même temps amusant et intéressant. A bientôt et désolée pour ma réponse un peu tardive !

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  2. Un premier chapitre fascinant. Quelle chance d’avoir des ancêtres aussi passionnants ! Mais sans doute est-ce dû en grande partie à l’auteur de ce blog qui, avec grand talent, réussit à les rendre intéressants, attachants et surtout vivants ! Bravo !

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    1. Merci pour ce commentaire. J’ai effectivement de la chance avec ses ancêtres un peu particuliers. Mais nous avons également un point commun, mes ancêtres maternelles viennent du 44 et du 49 (Les Mauges) et mes grands parents avaient une maison à Juvardeil, petit village à côté de Chateauneuf sur Sarthe, ma mère habite Angers ! Je suis donc très attachée à cette région et je suis Feuilles d’ardoise avec beaucoup de plaisir en guettant un patronyme ou un lieu qui me sont familiers . A bientôt

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